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Libération

Le nouveau partage de la galette (musicale)

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Aujourd’hui, les majors chassent tous azimuts les jeunes groupes de valeur adoubés par la hype. Un pari artistique inédit qui bouleverse l’économie du secteur.
Le groupe Saint Michel (Columbia). (Léonce Barbezieux)
publié le 19 février 2013 à 15h25

Lescop chez Universal, Saint-Michel chez Sony, Granville chez Warner. La liste des petits groupes français signés sur les trois majors qui dominent l’industrie musicale s’allonge chaque mois. D’où vient cette mode? Et pourquoi diable investir dans des artistes a priori peu rentables en pleine crise du disque? Pour comprendre ce mouvement, il faut opérer un petit retour en arrière, quand tout allait (presque) bien.

Dans les années 80 et 90, les majors ne se souciaient guère de signer des groupes «alternatifs», dont les projets artistiques étaient souvent à l'opposé du succès commercial, jugé infamant. De surcroît, l'organisation des grandes maisons de disques n'aidait pas: chaque label appartenant à une major se divisait en trois entités distinctes (production, marketing, promo) qui s'occupaient de tous les artistes, quelle que soit leur envergure. La priorité allait toujours aux pointures, aux dépens des plus petits, la découverte de jeunes talents étant laissée aux labels indépendants. «À cette époque, les majors produisaient un album très vite, assez cher, sans chercher à se positionner. On mettait beaucoup d'argent sur la table, et si ça ne marchait pas, on marketait encore plus», explique Olivier Nusse, aujourd'hui directeur de Mercury, filiale d'Universal. Le son était alors formaté pour passer à la radio et toutes les productions se ressemblaient, de Johnny à Pagny. «Après le succès de Rage Against The Machine, chaque label voulait son grou