A la naissance de sa fille Izia, Jacques Higelin chante J'suis papa dans un élan extatique : «Comme la plus belle des roses de l'amour/Comme le plus cadeau de la vie/Amour de ma vie, Iziou.» En ce temps-là, Albin de la Simone a l'impression d'assister à la mort d'un personnage qu'il apprécie pour sa brutalité. Papa depuis presque deux ans, le chanteur à particules est terrifié à l'idée d'enfiler un costume fantasmé : «Quand on est tout sauf baraqué, on a plutôt envie de porter des épaulettes.» Mais le son pop qui tape et qui frappe, ce n'est définitivement pas pour lui.
Avec Un homme, son quatrième album, Albin de la Simone assume enfin la chemise cintrée, libéré du poids de devoir ressembler à ce qu'il n'est pas. «Je crois que j'ai bien cerné mon personnage, ma psychanalyse est à présent terminée !», s'amuse-t-il.
«Complexé». Le chemin a pourtant été torturant et tortueux. Après des années de collège catastrophiques dans la campagne picarde, Albin de la Simone termine ses études en Belgique. Inimitable tête à claques, le jeune homme se fait sans cesse courser, menacer, harceler, jusqu'au cassage de gueule intégral. «Quand je suis arrivé à la ville, c'était du grand n'importe quoi. J'ai tout découvert en même temps : filles, drogues, alcool et divorce de mes parents.» «Scolairement minable», il obtient péniblement «les humanités», notre sacro-saint baccalauréat, en même temps qu'un dipl