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Libération
Portrait

Daniel Darc, crève-cœur

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Disparition. Figure destroy abonnée à tous les excès, le chanteur sensible et cultivé a été retrouvé mort chez lui, à Paris. Il avait 53 ans.
Pochette d'«Amour suprême» de Daniel Darc. (Photo Richard Dumas)
publié le 28 février 2013 à 22h36
(mis à jour le 1er mars 2013 à 14h56)

Son dernier SMS, doux comme une bise, remontait au 25 décembre : «Merry Punky Xsmas [Joyeux punky Noël], Sabrina. Daniel D.» On lui avait retourné pareil, et plein de bonnes choses pour l'année à venir. A mille lieues d'imaginer que deux mois plus tard, bam, la Faucheuse le rattraperait. Car à force, il nous apparaissait inoxydable, Daniel Darc, capable de tirer encore et encore sur l'arc d'une vie tendue comme une flèche, quoiqu'empoisonnée par la dope. Il le disait lui-même, spontanément : «Déjà, j'ai pas le sida, j'en reviens pas ! […] Ce que je me souhaite ? Vivre en bonne santé !» Endocardyte, staphylocoque doré, pleurésie, septicémie, hépatite, dos cabossé par une chute de moto puis d'une mezzanine… Le palmarès était tel qu'on l'avait trouvé plutôt d'aplomb, lors de la rencontre qui allait faire portrait, il y a un peu plus d'un an. Et adorable, surtout, quand son regard onyx, sa gueule en lame de couteau et ses tatouages XXL pouvaient laisser craindre une tannée, avinée et/ou capricieuse. Sans compter ce soir qui nous restait en tête où on l'avait aperçu, des années plus tôt, oscillant dangereusement sur un quai de la station de métro Voltaire, les Fleurs du mal en main…

Trouille. Au Polichinelle, son QG du quartier de la Bastille, il avait pourtant d'emblée averti d'une possible tétanie : «Je vais mettre un peu de temps à dire les trucs… Avec une personne ça va, et encore si je ne la connais pas, com