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Libération
Interview

«L’équivalent sonore d’un Francis Bacon»

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Samuel Thiébaut, cofondateur du festival Jazz à Porquerolles, évoque ses rencontres avec le musicien :
publié le 15 mars 2013 à 22h26

Cofondateur (avec le réalisateur Frank Cassenti) du festival d’été Jazz à Porquerolles, Samuel Thiébaut raconte les participations du guitariste Marc Ribot sur l’île varoise dans trois contextes différents : sa première rencontre avec Archie Shepp, un concert en solo et son concert avec les Cubanos Postizos.

Quelles qualités vous frappent chez ce musicien ?

C’est un homme complet, qui ne rentre dans aucune case. Un son reconnaissable en une fraction de seconde. Un éventail de possibilités et une puissance de feu extraordinaires. Qu’on l’entende avec Tom Waits, en solo dans l’esprit de Frantz Casseus, explosif dans l’Electric Masada de John Zorn, plus cubain que les Cubains avec les Cubanos Postizos, plus noir que l’Alabama avec son projet «Really the Blues», radicalement free avec Henry Grimes et Chad Taylor, noisy avec les Ceramic Dogs… Je vois en lui l’équivalent sonore d’un Francis Bacon.

Comment avez-vous eu l’idée de cette rencontre avec Archie Shepp ?

L’un des plus énigmatiques musiciens de la planète fait le lien entre ces deux hommes : Henry Grimes, compagnon de Shepp et Cecil Taylor dans les années 60, et membre du trio de Marc Ribot. Ils touchent tous les deux, immédiatement, à une déchirure intime que chacun porte en soi. Je crois qu’ils sont dans une recherche expressive proche. Bref, il me semblait nécessaire qu’une telle rencontre ait lieu, parce qu’elle peut faire des étincelles (1).

Dans quels autres contextes l’avez-vous vu sur scène ?

Récemment, je l’ai vu à Nevers, avec Chad Taylor et Henry Grimes, qui semblait tout juste atterrir de la planète Mars. A la Cité de la musique, pour un projet inimitable autour de John Cage. Avec l