Chevelure grisonnante parfois indisciplinée, petites lunettes par-dessus lesquelles il scrute alentour, c’est carrément arc-bouté sur sa guitare que Marc Ribot se lance tout entier dans ses performances. Car lorsque cette figure de l’underground new-yorkais empoigne sa six-cordes - en solo ou avec des compagnons de route qui, comme lui, affichent un goût manifeste pour le hors-piste -, c’est toujours pour tordre le cou aux idées reçues.
Rares sont les musiciens qui, dans le registre créatif qui est le sien, ont réussi une aussi large couverture musicale, s'attaquant, avec l'originalité qu'on lui connaît, aussi bien au bebop qu'à l'expérimental, à la musique cubaine qu'au rhythm'n'blues. Que ce soit dans les musiques improvisées ou bien populaires, ce lyrisme décalé, qui s'inscrit au cœur d'un questionnement perpétuel, loge sans peine dans des univers a priori éloignés. Ses approches en solo en donnent la preuve la plus manifeste. Pourtant point de riffs tonitruants dans son dernier enregistrement en solitaire, Silent Movies (Pi Recordings), sorti en 2010, qui magnifie l'épure en soulignant sa bluffante maîtrise technique (lire ci-contre).De même que sa virtuosité digitale fait aussi grand effet, du rock au bruitisme le plus échevelé.
Virée orientale. Avec l'album Your Turn, qui sortira le 26 mars, l'Américain Marc Ribot, né à Newark en 1954, réanime son power trio, Ceramic Dog, quatre ans après la sortie de leur