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Libération
Portrait

Les couturiers du son

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Pas de défilé de mode sans une bande-son créée pour l’occasion. Mais qui s’en charge? Comment s’opère l’alchimie entre l’univers du designer sonore et celui du créateur? Explications avec quelques maîtres qui donnent le « la » à Paris, New York ou Milan.
Michel Gaubert, dans son studio, à Paris. (Photo Vincent Ferrané)
publié le 21 mars 2013 à 17h23

Il a suffi d'un déhanchement d'Alber Elbaz sur un tube du rappeur Pitbull pour provoquer deux millions de clics sur YouTube. Dans cette vidéo aussi divertissante qu'inattendue, lancée en septembre 2011, le charnu directeur artistique de Lanvin ondoyait entre deux mannequins sur le gouailleur I Know You Want Me. Et démontrait en moins d'une minute quarante que la maison fondée en 1889 pouvait être moderne, imprévisible, piquante. Ce clip soulignait aussi l'importance croissante de la musique dans l'industrie de la mode, sa position de curator du cool ou du ringard, qui atteint son apogée lors des défilés: ces dix à quinze minutes décisives où sont engagées des sommes colossales, qui cristallisent l'attention de la presse, des acheteurs et des modeux prêts à dégainer leur application Shazam dès que le défilé commence. Il y a vingt ans, un nouveau métier est donc apparu, l'illustrateur sonore, l'homme (car il y a peu ou pas de femmes) responsable de la bande-son du show. Petit tour d'horizon d'un milieu aussi exclusif que fermé.

Protagonistes Deux Français ont la cote dans les capitales de la mode, multipliant les contrats avec les marques les plus illustres : Michel Gaubert et Frédéric Sanchez. Mais ni l'un ni l'autre ne démarche les maisons de couture, avec qui ils ont tissé des liens depuis leurs débuts, au milieu des années 90. «Comme chez le psy, la première fois n'est jamais formidable, il faut qu'une collaboration s'installe avec le directeur