Vendredi, le long exil de Ramón Emilio Valdés Amaro, dit Bebo Valdés, a pris fin. Le pianiste du mythique album Lágrimas Negras est mort en Suède, son pays d'adoption, loin de Cuba où il avait vu le jour le 9 octobre 1918. Et qu'il avait quitté en 1960, un an et demi après l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro.
Bebo Valdés n'avait jamais oublié qu'il était le fils d'un autre exil, celui de ses ancêtres déportés d'Afrique. En 2005, dans Libération, il remontait ainsi le fil génétique : «Mon grand-père, esclave, s'était enfui avec un ami en emportant seulement une machette pour se défendre des chiens lancés aux trousses des "nègres marrons" [esclaves en fuite, ndlr]. Je sais tout cela par ma grand-mère, morte à 109 ans.»
Une formidable locomotive rythmique
Bebo Valdés était très grand, élégant, et c'était pour lui un autre signe de son identité africaine : «Je pense que mes ancêtres étaient yorubas ou ararás,confiait-il, car les Con gos [ou Bantous, nombreux à Cuba, ndlr] sont de petite taille, et dans la famille nous sommes tous grands.»
A la fin des années 40, Bebo Valdés fait ses premières armes à La Havane dans l'orchestre de Julio Cueva, où il impose ses talents de compositeur et d'arrangeur. Au point qu'il ne tarde pas à mettre sur pied sa formation, formidable locomotive rythmique à l'explosive section de cuivres. Elle accompagne notamment les productions les plus brillantes de Beny Moré, le meilleur chanteur cubain du XXe