«J'arrive au port les mains vides/ J'arrive au soir sans compter/ Et à chaque matin avide, il me faut recommencer…» Solaire et profond à la fois, J'arrive à toi, le titre qui ouvre le quatrième album de Carla Bruni, possède une grâce intemporelle augurant du meilleur retour artistique possible, après avoir longtemps occupé les avant-postes politico-médiatico-people. La suite ne tient pas entièrement ses promesses, même si, dans son ensemble, Little French Songs s'inscrit de plain-pied dans la tradition d'une chanson à l'étoffe feutrée, élaborée avec des gens de (trop grande ?) confiance, tels Vincent Segal, Sébastien Martel, Ballaké Sissoko, Freddy Koella… Oscillant pour le meilleur entre mélancolie introspective (Prière, la Valse posthume) et élans espiègles «popu»-pop plus incertains (Pas une dame, Mon Raymond…), Carla Bruni suggère qu'on l'écoute et la juge sur pièce, en faisant abstraction d'un contexte pourtant difficilement dissociable.
Si vous deviez qualifier spontanément votre activité de chanteuse : hobby, passion ?
Je parlerais de métier, lié à une passion pour la musique que j’ai depuis l’enfance. Malgré ce que pourraient laisser penser mes racines, j’ai toujours travaillé pour vivre. Je ne voulais pas demander d’aide à mes parents, et j’ai arrêté mes études à 18 ans, alors que j’aurais aimé faire médecine, par exemple. La notion de hobby, elle, m’échappe, ou alors peut-être quand je serai très âgée.
Pourquoi êtes-vous venue tardivement à ce «métier» ?
D’abord par peur, je pense. Tout s’est déclenché après la mort de mon père. Il était compositeur et n’aim