Lorsqu'ils ont appris que la Ferme du Buisson programmait de l'opéra, des habitués ont téléphoné pour savoir d'où partirait le car à destination de Garnier ou de Bastille. Pourtant, c'est bien à Noisiel, en Seine-et-Marne, qu'est donné jusqu'au 7 avril l'Isola disabitata, réjouissant opéra de Haydn.

Sur scène, les huit chanteurs sont issus de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris, un ensemble composé au total de seize artistes internationaux recrutés à leur sortie du conservatoire et qui, durant deux ou trois ans, élargissent leur répertoire et montent sur scène. Outre une participation aux grandes productions de la prestigieuse institution, ceux-ci tiennent les premiers rôles d’opéras donnés en banlieue parisienne, à Noisiel, Bobigny, Châtenay-Malabry, Saint-Denis ou Suresnes.

Jouer en périphérie pourrait ne s'apparenter qu'à une initiative politiquement correcte. L'expérience fait partie intégrante de la formation, depuis l'arrivée, en 2004, de Christian Schirm à la tête de l'Atelier lyrique. Il y voit l'occasion de repenser les liens entre l'opéra et le public : «Il ne s'agit pas de faire du misérabilisme, mais de favoriser la convivialité que permet le spectacle vivant. Notre projet permet de "désacraliser" l'opéra, de montrer que les œuvres que nous jouons ont un sens hic et nunc.» D'où la collaboration avec ces théâtres locaux, ravis de pouvoir proposer de l'art lyrique à un public pas vraiment habitué à ce type de spectacle.

Pour convaincre les