Rencontrée à Marseille, où elle recevait fin mars le grand prix Babel Med, Rokia Traoré était dans le frénétique agenda d'une sortie mondiale d'album, cas peu fréquent pour une artiste africaine. C'est la major Warner qui diffuse Beautiful Africa, via le label East West pour la France et Nonesuch ailleurs. «Nonesuch était déjà mon distributeur hors Europe (Etats-Unis, Australie, Japon), dit la chanteuse. J'ai une relation de confiance avec eux. Je produis mes disques avec ma propre société, mais je les ai tenus au courant de l'avancement du travail, j'ai écouté leurs remarques.»
Trio. La naissance de ce cinquième disque, cinq ans après Tchamantché, a été mouvementée : «Je voulais enregistrer au Mali, ça fait partie de la démarche de ma fondation Passerelles, qui vise à professionnaliser la filière musicale. Nous avons commencé le travail sans pouvoir aller jusqu'au bout.» En mars 2012 surviennent un coup d'Etat militaire et l'occupation du nord du pays par les islamistes et les rebelles touaregs. L'album a donc été enregistré à Bristol, avec à la console l'Anglais John Parish, connu pour son travail avec PJ Harvey (mais aussi Arno, Dionysos, etc.). «Je suis arrivée avec mes chansons composées, arrangées et rodées sur scène, explique Rokia. Et mes musiciens africains : Mamah Diabaté au n'goni [harpe-luth africain, ndlr], mes choristes…» Le producteur