Goumar Almoctar, alias «Bombino», est un homme discret et timide. De passage à Paris pour discuter de son troisième album, Nomad, on l'aurait imaginé plus à l'aise, rompu à se téléporter n'importe où dans le monde pour parler des Touaregs, de la musique ishumar, de la guerre qui s'éternise au Mali, à quelques heures de route du Niger, où il est né. Mais c'est un homme qui, sous son cuir un peu cheap et sa chemisette bleue, planque une vie de galères sauvée par la guitare.
Vous avez joué à Niamey début avril, lors d’un grand concert qui a réuni pour la première fois la plupart des artistes de la musique touareg. C’était un moment important ?
Oui, très. Alors que d’habitude les musiciens ne sont pas très solidaires, c’était un échange marquant en faveur de la paix dans la région. De plus, ça m’a rappelé les inoubliables années 1998-2008, pendant lesquelles il y avait du travail pour chacun, et notamment pour les musiciens qui se produisaient dans les mariages. Pour moi, cela reste une période de paix merveilleuse, où j’ai pu recevoir plein de gens chez moi, apprendre la guitare… Tout marchait. Puis, d’un coup, une rébellion magouillée par trois personnes est tombée sur la population et tout s’est arrêté.
La musique ishumar est née dans les campements de la rébellion des Touaregs maliens. Peut-on être un chanteur touareg sans faire de politique ?
Je le souhaite… Mais lorsque des gens dont la politique est le métier ne font pas le boulot, il faut parfois un musicien pour dire certaines choses. Pour moi, ce ne sont pas forcément des paroles directement politiques, mais un sentiment plus profond. Les jeunes au Niger vivent dans des conditions très difficiles et je pense qu’à travers la musique ils apprennent la patience. La musique ishumar prend beaucoup de temps, ses morceaux peuven