C’est peut-être plus la curiosité que le goût de la transparence qui nous réjouissait dans la publication du patrimoine des ministres. Et, somme toute, ç’a été une déception. On n’a pas pu se scandaliser autant qu’on l’espérait. On croyait nos gouvernants plus riches : de quoi ont-ils l’air par rapport aux Américains, aux Russes ou aux Grecs ? Sans doute est-ce cela qui explique la pudeur de la droite : la peur du ridicule. Elle préfère entretenir le mystère, faire semblant d’avoir des coffres pleins pour rester crédible sur la scène internationale. Mais il est toujours possible qu’à droite aussi ils aient de l’argent à gauche. Et puis il y a un devoir de réserve vis-à-vis de la transparence. On n’attend pas de nos dirigeants qu’ils disent ce qu’ils savent sur les dirigeants russes ou les failles de notre système de défense.
La cause du peuple est-elle si désespérée que la défendre serait interdit à tout détenteur de patrimoine ? Ce qui expliquerait que Jérôme Cahuzac ait eu l’élégance de dissimuler son argent à l’étranger, pour ne pas donner une mauvaise image d’un militant socialiste de longue date. On devrait rémunérer les ministres à l’intéressement : s’ils font baisser le chômage et la dette, on n’a rien contre qu’ils en tirent des bénéfices. On pourrait même leur offrir des points dans les sondages. Mais il y aurait aussi des malus, d’où l’intérêt d’un solide patrimoine au départ. Liliane Bettencourt serait une dirigeante crédible si elle faisait un don conséquent (et o