Pépée, la chimpanzée aux oreilles de Gainsbourg, est à table et Léo Ferré la nourrit au biberon. Baba, le cochon gras et rose de 350 kg, regarde la télé dans le salon. Il y a également, dans l’une ou l’autre des pièces, la tribu des saint-bernards, qui, elle aussi, fait son poids. Et puis, l’extraordinaire famille des vaches - Charlotte, Titine et Fifine, prénoms ou surnoms des tantes du chanteur - dirigées par le taureau Arthur (en hommage à Rimbaud). Il faut ajouter une quarantaine de moutons, brebis, chèvres, le poney, le hibou, les autres chimpanzés, certains adoptés aux portes des cirques ambulants qui les maltraitaient, d’autres aux grilles des abattoirs.
Tous entrent, sortent comme ils veulent dans les pièces du vieux château de Pechrigal, pissent et chient où bon leur semble, tombent malades, font sans cesse des conneries, exténuant les pauvres bonnes qui n’en peuvent mais …
Insolite cette arche de Noé enlisée dans le Lot ? Pittoresque cette bergerie du Bon Dieu avec Léo dans le rôle du bon pasteur ? Oui. Non. En fait, nous sommes dans le drame, et même dans une sorte de tragédie mi-ménagerie, mi-basse-cour, comme le raconte, dans une surprenante biographie, Annie Butor, avocate et fille de Madeleine Ferré, qui fut l’épouse du poète de 1952 à 1973 (1). Un récit sur une famille obsédée par son amour des animaux au point de respecter la plus affreuse limace ou de ne pas vaporiser d’insecticide sur les mouches. Et qui est tombée sous l’emprise de Pépée, la chimpanzée démi