C’était le compositeur du merveilleux, soit, étymologiquement, de ce qui étonne et qu’on admire. Sa musique poursuivait une tradition française de la transparence et de la recherche de couleurs inouïes. Et cela, à une époque où il fallait absolument embrasser le formalisme sériel, sous peine d’être déclaré ringard ou réactionnaire. De fait, Henri Dutilleux, contraint d’enseigner la composition à l’Ecole normale de musique puis au Conservatoire de Paris, ne commencera à vivre de sa musique qu’à 60 ans.
C'est l'orchestre symphonique de Boston qui commanda et créa sa Symphonie n°2 baptisée le Double en 1959 puis, trente-huit ans plus tard, The Shadows of Time . C'est l'orchestre symphonique de Cleveland qui commanda et créa Métaboles en 1965. Le 7 décembre 2011, ce sont encore des Américains, Zarin Mehta, président du philharmonique de New York, et Alan Gilbert, son directeur musical, qui lui remettaient le premier prix de la fondation Kravis, saluant un compositeur dont «la musique conjugue précision et beauté à un point remarquable, et tient une place essentielle dans le répertoire contemporain».
Si Henri Dutilleux était capable de créer du merveilleux, c'est parce qu'il refusait de considérer que son métier musical supérieur le distinguait des autres hommes. Il nous a tant répété : «Ne m'appelez pas maître, mais Henri», que l'on a fini un jour par s'y résoudre.
«Lyrisme différent».