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Pascal Comelade: l’ours-son

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Depuis quarante ans, cette figure de la musique instrumentale peaufine son langage tout personnel des deux côtés des Pyrénées.
Ceret, France le 20/04/2013 Portrait de Pascal Comelade, pianiste et compositeur français. CHOIX COMMANDE N°20013-0445 (Pierre MERIMEE)
publié le 29 mai 2013 à 19h06
(mis à jour le 31 mai 2013 à 10h25)

Si l'ours s'égaye dans la montagne, celui que l'on visite vit en lisière des Pyrénées à une trentaine de kilomètres de Perpignan. Céret, cité qui tutoie l'Espagne toute proche, compte 7 500 âmes. C'est là que Pascal Comelade passe le plus clair de son temps. Il réside dans une maison de ville dotée d'un sous-sol où naissent ses morceaux, composés sur un quart de queue et enregistrés à l'ancienne sur un minicassettes, loin du barnum musical parisien. C'est sans doute ce qui vaut au musicien d'être caricaturé par d'aucuns en plantigrade solitaire et bourru. Car si Comelade, toujours de noir vêtu, peut parfois figurer ce mammifère, c'est tout au plus quand il plonge dans son crâne en joignant ses pattes avant, frotte sa chevelure en lâchant «comment dire…», puis souffle de soulagement quand il juge avoir formulé son propos de manière satisfaisante. Pour le reste, l'homme est on ne peut plus doux, prévenant, généreux et attentif à autrui. «Il est surtout né avec des santiags et une banane», se marre Marie, sa femme et mère de leur fille Claudia, 19 ans.

Pascal Comelade est connu des gens qui le connaissent - il est alors vénéré - et inconnu des autres. Car sa musique, aux racines pourtant éminemment populaires, n'a jamais été popularisée. Principalement car elle est sans paroles. Difficile dès lors de lui enlever l'étiquette de compositeur iconoclaste, introverti, underground qui lui est trop souvent collée au poil. Il reconnaît toutefois faire «une musique