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Les derniers seront peut-être les premiers

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A l’instar de Rodriguez, d’autres artistes tombés dans l’oubli mériteraient une reconnaissance tardive.
publié le 3 juin 2013 à 22h16

Et si Rodriguez faisait jurisprudence ? Imaginons, concrètement, que dans les mois ou - au point où ils en sont - les années qui viennent, d’autres laissés-pour-compte de la notoriété connaissent un jour un retour de flamme aussi mérité qu’inopiné. Voici en tout cas quelques hypothèses plausibles d’outsiders jadis signalés par une actualité musicale qui aurait dû les porter au pinacle, mais qui, à l’inverse, disparurent de la circulation, victimes de la sourde indifférence de leurs congénères. Voués au confinement, ils sont toujours en vie en n’attendant à leur tour qu’un éventuel coup de pouce du destin.

Shuggie Otis Californien culte

Aujourd'hui âgé de 59 ans, le chanteur et guitariste californien présente un profil assez proche de celui de Sixto Rodriguez. Après quelques manœuvres d'approche, il signe en 1974 son album de référence, Inspiration Information, aussi brillant qu'insubordonné… et ignoré (il a été réédité le mois dernier).

Grand explorateur devant l'éternel, le fils de Johnny Otis, un pionnier du r'n'b, largue les amarres blues pour prendre le large (rock, soul, funk, jazz, psyché) sans jamais accoster les berges de la renommée, sinon à retardement et par pairs interposés («une musique si puissante qu'elle a mis trente ans à éclore», dit Questlove, des Roots). Objet d'un culte discret mais fervent (David Byrne, Prince ou Beyoncé le citent également en exemple), Shuggie Otis a vécu d'expédients, plongé dans la