Fin février au Covent Garden de Londres. Barbara Hannigan répète Written On Skin, l'opéra que George Benjamin a écrit pour elle et qui fut dévoilé l'été dernier au festival d'Aix-en-Provence. En fin d'après-midi, la soprano canadienne saute dans l'Eurostar, direction Paris où l'attendent le Philharmonique de Berlin et son chef attitré, Sir Simon Rattle. Au programme de leur concert à Pleyel : Correspondances d'Henri Dutilleux.
Si elle chante ce cycle de mélodies depuis dix ans - et l'a déjà donné avec l'orchestre quelques jours plus tôt à Berlin -, Barbara Hannigan n'en est pas moins «tendue». Après sa répétition matinale, elle rend visite à Henri Dutilleux à l'hôpital. Elle ne l'a pas revu depuis l'enregistrement pour Deutsche Grammophon de Correspondances, en 2012. Sur la table de chevet du compositeur, un poste de radio qui lui permettra de suivre le concert en direct.
Quelques heures plus tard, Pleyel est, comme à chaque fois que le Philharmonique de Berlin s'y produit, bondé de compositeurs, acteurs, chefs et instrumentistes de renom. Mais Barbara Hannigan ne pense qu'à Dutilleux, en train de l'écouter sur son lit d'hôpital. «Chanter Correspondances m'entraîne toujours ailleurs, mais ce soir restera inoubliable, confie-t-elle après le concert, car j'ai eu l'impression que nous étions en train de créer le cycle pour la première fois.»
Barbara Hannigan a créé plus de 80 pièces et pourrait se contenter d'être l'interprète