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Libération
Critique

Ti-Coca, du style et de la bouteille

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A 63 ans, le musicien respecté est considéré comme le meilleur représentant du courant «twoubadou».
publié le 11 juin 2013 à 22h16

Lorsqu'il nous apparaît un soir d'avril dans le quartier de Martissant, à Port-au-Prince, Ti-Coca à la noblesse d'un duc : il porte casquette, veste de dompteur de cirque, médaille en fer-blanc brillant sur sa poitrine. Dans le jour finissant, puis à la lueur des bougies (panne de courant), il nous parle en créole. Originaire de Port-de-Paix, dans le nord du pays, il est, à 63 ans, le plus authentique représentant du style twoubadou des campagnes.

«Dans mon enfance, raconte-t-il, les instruments des twoubadous étaient le banjo et la manuba, caisse munie de lames de métal qui fait office de basse. L'accordéon et la contrebasse sont venus plus tard.» A 14 ans, il chante dans sa région les répertoires de Ti-Paris et d'Althiery Dorival, ses aînés. Son nom d'artiste lui vient de la bouteille de soda auquel on le compare en raison de sa petite taille.

Vaudou. Du style twoubadou traditionnel, marqué par les modèles cubains des années 20 et 30, Trio Matamoros en tête, Ti-Coca évolue vers le kompa, musique de danse à la mode, ou la misik rasin, qui regroupe les chants vaudous comme le yanvalou ou le petro. C'était sous le régime féroce de Duvalier père et fils. «Les chants religieux n'étaient pas bien vus, se rappelle le chanteur, il fallait se cacher pour les jouer. C'était incompréhensible puisque les Duvalier eux-mêmes pratiquaient le vaudou.»

La fonction de son grou