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Critique

Patrice Chéreau, l’emprise «Elektra»

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Acte I. Passage en coulisse avec le metteur en scène pendant les répétitions de l’opéra de Richard Strauss, qui sera dirigé par Esa-Pekka Salonen.
publié le 13 juin 2013 à 19h06

«Electre, le bras levé devant sa figure, fait un saut en arrière, comme un animal regagnant son terrier.» Ce n'est pas Patrice Chéreau qui a écrit le livret d'Elektra (1909), mais ça aurait pu. Un peu plus loin : «Et là-dedans on crie. On tue ou / l'on enfante !» Un sujet sur mesure pour le cinéaste et metteur en scène qui a transfiguré Lulu et Wozzeck de Berg, De la maison des morts de Janácek et, en 1976, à 31 ans, la tétralogie de Wagner. Folie, prostituées, cadavres insultés, tragédie de forêts et d'Allemagne.

Si vous avez manqué le début, le drame de Hofmannsthal se résume à peu près ainsi : avec l’aide de son amant Egisthe, Clytemnestre a assassiné son époux, Agamemnon. Leur fille Electre rêve de le venger. Elle a besoin de l’aide de sa sœur Chrysothémis et de son frère Oreste. La sœur ne veut rien savoir : elle souhaite quitter le palais. Sur ce arrive Clytemnestre, qui se plaint de cauchemars et demande remède à Electre, tout en se disputant avec celle-ci sur le sort d’Oreste, qu’elle considère comme fou. Electre lui conseille d’aller se suicider, avant qu’on n’annonce la mort d’Oreste en exil. En réalité, le frère est bien vivant et, revenu au palais, il tue Clytemnestre et Egisthe. Electre meurt de joie.

Chaman. Le jour où l'on assiste aux répétitions d'Elektra, dans le studio «Big One» du Grand Théâtre de Provence, à Aix, Patrice Chéreau fait le filage de la première