«Ce sera un Rigoletto assez sombre», promet Bernard Foccroulle, le directeur du festival, en toute logique, donc, avec le drame du livret tiré de Hugo (le Roi s'amuse), qui voit un bouffon dépravé tenter de venger l'honneur de sa fille malgré elle. Une histoire qui ne peut finir qu'en boudin : la fille se substitue à son amant et meurt frappée par son propre père.
L'opéra contient au moins deux tubes, La Donna e Mobile et Juanita Banana (ou presque), popularisé par Henri Salvador. A la baguette, Gianandrea Noseda, directeur du BBC Symphonic, à l'aise dans les poèmes symphoniques de Liszt ou l'opéra verdien (Don Carlo, au Théâtre des Champs-Elysées en avril), qu'il prend avec des tempos énergiques et swing (voir son enregistrement de La Donna chez Deutsche Grammophon avec Rolando Villazón). Le baryton George Gagnidze, Rigoletto around the world depuis 2009, fait sa première apparition française dans le rôle-titre, où la critique a jusqu'ici loué sa puissance et son timbre en regrettant qu'il n'emporte jamais tout à fait l'émotion. Reste à compter sur la mise en scène de Robert Carsen, vieux routier à qui l'on doit environ 80 opéras jamais ratés, toujours émerveillants mais plutôt sages. Son credo, donné dans l'Avant-scène Opéra n° 269 en 2012 : «Au théâtre, le spectateur paye pour voir de la réalité déformée. […] Sommes-nous dans une œuvre réaliste, naturaliste, expressionniste, impr