Après George Benjamin l'an dernier, avec Written on Skin, le festival d'Aix a fait appel à l'un de ses élèves, le Portugais Vasco Mendonça, pour créer un ouvrage lyrique qui sera présenté en création mondiale. Le compositeur a choisi d'adapter, avec sa librettiste Sam Holcroft, une nouvelle de Julio Cortázar écrite en 1946 et intitulée Casa Tomada, qui raconte l'envahissement mystérieux d'une maison où vivent reclus, depuis des années, un frère et une sœur. La menace est-elle vraiment extérieure ? N'est-ce pas plutôt leur enfermement progressif dans des habitudes confinant au rituel qui a aliéné les habitants de cette maison ? «Bien sûr, répond Mendonça. Si la lecture politique de cette nouvelle, écrite sous la dictature, est légitime, sa portée n'en est pas moins universelle. Je l'ai découverte il y a des années, et j'ai été très impressionné. Au départ, on est dans un thriller : qui sont ces gens ? Pourquoi réagissent-ils ainsi ? On comprend progressivement que les habitants n'ont pas peur mais redoutent objectivement les conséquences de cette invasion sur leur vie quotidienne. Le mystère donc n'est plus du côté des envahisseurs, dont on ne saura jamais qui ils sont véritablement, mais du côté de ce frère et de cette sœur qui veulent à tout prix continuer à vivre selon une routine bien établie. Ce qui leur arrive est peut-être un rêve, la matérialisation magique d'une panique d'être dépossédé de soi. Encore une fois, Cortázar n'apporte aucune
Critique
«The House Taken Over» Mendonça monte sa baraque
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par Eric Dahan
publié le 13 juin 2013 à 19h06
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