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Libération

Le monde cruel et lyrique de Britten

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De Lowestoft où il est né il y a cent ans, à Aldeburgh où il s’est éteint le 4 décembre 1976, des membres de sa famille, des amis et des interprètes de sa musique évoquent le compositeur anglais majeur du XXe siècle dont l’œuvre est hantée par la guerre, l’injustice et la souillure morale.
publié le 14 juin 2013 à 19h06

Malgré les noms familiers des grandes surfaces aperçues sur la route, visiter le comté de Suffolk, sur la côte Est de l’Angleterre, c’est aussi voyager dans le temps. Il y a d’abord le premier train, aux allures de micheline, qui part de la gare de Liverpool Street à Londres. Puis le second, deux wagons à peine, qu’on attrape à Ipswich. Enfin, les passagers comme le contrôleur parlent un anglais affable, lui aussi d’un autre âge.

Si Lowestoft n’a jamais développé le tourisme en rapport avec Britten qui y est né le 22 novembre 1913, c’est parce que le plus important compositeur anglais depuis Henry Purcell a vécu et créé son festival dans un village portuaire voisin, Aldeburgh. Pour le centenaire de sa naissance, Lowestoft s’est toutefois fendu d’une nouvelle plaque commémorative au 21 Kirkley Cliff Road, adresse de la Britten House en brique rouge où il a grandi, désormais transformée en hôtel.

Tennis et croquet

Le maire a également bataillé pour que la fontaine municipale s'anime à intervalles réguliers, au son des Sea Interludes de l'opéra Peter Grimes et autre Simple Symphony, une pièce ludique et virtuose écrite par Britten entre ses 9 et 13 ans. Son père, chirurgien-dentiste, recevait ses clients au rez-de-chaussée et, depuis sa fenêtre, Britten pouvait voir la mer du Nord et les bateaux des pêcheurs qui allaient prendre une place considérable dans son œuvre. Est-ce le ciel gris, le fait que la ville et la plage aux couleurs délavées semblent également abandonnée