Remettre tout le monde d’accord, c’est bien l’éternelle intention de Kanye West. Yeezus n’échappe pas à la règle. A la première écoute, le sixième album de ce petit génie laisse l’impression d’une plongée dark, âpre, violente. Dix morceaux - quarante minutes au total - dépourvus de légèreté, a priori sans titre vraiment calé pour la radio, et qui, au final, verse peu dans le compromis. On savait que l’album de Kanye West serait «super low-bit». Il l’avait dit lui-même dans les colonnes du New York Times. Kanye Yeezus West n’avait pas menti.
Depuis que l'album a savamment été leaké quelques jours avant sa sortie sur le Net le 18 juin (on doute que Kanye West, prince du marketing, n'en soit pas lui-même responsable), les critiques anglo-saxonnes ont toutes été plus dithyrambiques les unes que les autres et placent déjà Yeezus comme l'un des meilleurs disques de l'année, parlant d'album pilier, de ceux qu'il faut avoir sorti une fois dans sa carrière. Il est brillamment produit. Il est même excellemment réalisé, comme un concentré de ce qui se fait de mieux aujourd'hui même s'il ne révolutionne pas le genre. De ce côté de l'Atlantique, une écoute ne suffirait pas à faire aimer ce disque, trop sombre, plombé, pas distrayant. Mais Yeezus n'est pas l'album politique qu'on pouvait imaginer qu'il