Une première personne passe devant le bureau et, voyant le visage aux yeux bandés sur la pochette du disque (la version promo ne mentionne pas le nom de l'artiste), s'exclame : «C'est qui, Lana Del Rey ?» Peu après, un autre passant : «Le nouveau Lana Del Rey ! Tu me le prêtes ?» La fille sous le bandeau est Elodie Frégé, et elle goûte moyen l'analogie avec Lana. «Moi j'ai ma bouche naturelle…» Avant de concéder : «Ce qui nous rapproche, j'imagine, c'est ce code de la femme fatale, de l'héroïne hitchcockienne.» Et de citer Veronica Lake en écartant la mèche qui mange la moitié de son visage. «En fait, aujourd'hui, je ressemble davantage à Jessica Rabbitt. J'ai fait une couleur hier et j'ai cette teinte orange quasi punk, mais bon, ça va s'estomper au fil des jours.» La teinte carotte s'harmonise avec la robe bleu-vert du jour qui dénude ses épaules. Elle est arrivée perchée sur des chaussures à plateforme et motifs floraux, commande un thé dont elle jette le sachet sitôt servie : «Je ne laisse pas infuser. Je suis assez nerveuse comme ça.»
La veille, Elodie Frégé a chanté au Carmen, en prélude à la sortie de son quatrième CD, Amuse Bouches. Le lieu était joliment choisi : pour présenter un disque qui célèbre la chair, la féminité et les plaisirs, une ancienne maison close de Pigalle, tout en stucs, miroirs et colonnades. Mais qui auparavant fut la demeure où Georges Bizet aurait composé Carmen, prototype