Samedi
Raptus
Virginia Woolf qui plonge dans une rivière avec un manteau rempli de pierres ; cette journaliste de Libé qui saute un matin de novembre du pont d'Austerlitz parce qu'une passoire pleine de pâtes vient de lui échapper ; Léo Ferré abandonnant sur une engueulade femme, animaux, maisons et pianos, au risque de voir son épouse mettre sa menace à exécution : faire tuer leur «enfant» Pépée, un chimpanzé. On appelle cela un raptus. La météo dit-elle l'époque ? Le ciel nous brise les nerfs. La pluie, l'orage, du gris… On ne parle que du temps qu'il fera ; en 1789, canicule et famine. «Ouah, c'est glauque, ce qu'on dit là», conclut Vanessa R., brillant esprit évoluant là où l'air se fait rare, dans la fumée d'une Lucky Strike. Pas d'étoiles donc, à minuit une. Samedi. Dans cette cour à ciel ouvert, l'hôte de la soirée, plaquée il y a quatre ans, semble en forme ; elle a coupé ses cheveux. Le chagrin allège. Je bois un verre à la vitesse de l'éclair. En rentrant, funambule comme un œuf sur le bout du monde, je rêve que je suis dans un rêve où je vole. L'élan se prend dans la chute, a dit la danseuse Marie-Agnès Gillot.
Dimanche
Vide-greniers
Ma femme est un écureuil. Notre appartement regorge de bibelots. O joie, ô bonheur, jour du Seigneur, un vide-greniers s'installe sous nos fenêtres. Le propre des brocantes, c'est de se demander où sont passés les gens qui se ruaient par milliers sur ce qu'on leur vendait hier. Où sont les lecteurs d'Alexandre Jardin ? Là, sur des cartons posés à même le