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Libération
Critique

Daughn Gibson, la ligne d’oraison

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Country. Rejeton mutant de Willy Moon et d’Ennio Morricone, le rocker pennsylvanien sort aujourd’hui l’ovni techno crooner «Me Moan».
(Photo Jacek Poremba)
par BAYON
publié le 8 juillet 2013 à 19h46

Daughn Gibson évoque un George Clooney croisé de Hanni el-Khatib rectifié la Redoute. Bel homme embarrassant pour bon ton rock de même, Daughn Gibson est né Josh Martin à Carlisle, Pennsylvanie, il y a trente-deux ans. Batteur du groupe confidentiel Pearls and Bass, il a posé son pseudonyme avec son manifeste solo, première couche du Me Moan de sortie, All Hell, l'an passé - dûment relevé et intronisé par nous alors (Libération du 14 juin 2012).

Me Moan est déconcertant. Presque éberluant, sans violence, en douceur smooth. Cet harmonica Morricone qui surgit au milieu d'une cantate cow-boy chicagoane (en fait du biniou), ce baryton Engelbert Humperdinck revu americana, comme on dit, entre Tom Jones et Richard Hawley «tilté», voilà de l'inédit ; Caspar Hauser acid-country.

Quand cela n'est pas gaélique, c'est hawaïen, avec l'accent corny à couper le chewing-gum au couteau de trappeur. Pedal steel toute, mais guitares électriques (acoustique, nylon, idem) groupées rock aussi, en liant western. Sur mode crooner gothique (Perry Blake), cela flotte dans l'éther en note bleue Communiqué (Dire Straits méconnu) - ainsi de Pisgee Nest ou Franco, pleins de torpeur océanique - et, sitôt après, l'organe opère la rencontre d'un Johnny Cash funèbre et d'un Willy Moon mutant sur une table de dissection gospel : You Don'