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Libération

Même morts, ils chantent encore

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En ressuscitant les chanteurs défunts, les technologies changent le rapport à l’interprétation.
publié le 12 juillet 2013 à 22h54
(mis à jour le 15 juillet 2013 à 17h09)

Tout le monde n'a pas eu la longévité des Beatles et de Bowie. Du coup, il est fréquent que l'industrie du show-biz, non contente de reformer les groupes dont les membres sont vivants, soit aussi tentée de reformer les morts, à coups de technologie. Une des premières tentatives frankensteiniennes est due à Natalie Cole qui, en 1991, grave un duo avec son défunt père remasterisé, le célèbre Nat King Cole, décédé quand elle avait 15 ans. Malgré le côté «mange tes morts» de l'affaire, la greffe est une réussite puisque Natalie Cole est propulsée dans les charts avec Unforgettable, où elle lie sa voix à celle d'un enregistrement de 1961. Le clip vidéo, bizarrement, commence par le survol d'une tête de statue tombée au sol, avant qu'on ne découvre Natalie recroquevillée dans la poussière d'une maison abandonnée, feuilletant les photos de son enfance.

Quelques années plus tard, en 1997, c'est Charles Aznavour qui entonne Plus bleu que le bleu de tes yeux avec Edith Piaf, évaporée trente-quatre ans plus tôt. Il avait écrit la chanson pour elle en 1951 et ne l'avait jamais enregistrée. Contrairement à celle de Cole père et fille, la vidéo ne joue pas sur l'émotion mais la distance, cette fois, Piaf étant représentée comme un hologramme devant lequel Aznavour se tient à carreau. Mais tout cela n'est rien à côté du buzz en 3D du rappeur Tupac, en 2012, réapparu au festival de Coachella après seize ans sous terre. A ce stade, on atteint l'essence même de la musique. En