C'est un album d'été accouché en plein hiver qui flotte entre crépuscule et aube. Mélancolique, pas bucolique, Stray Ashes sort de nulle part et enrobe l'âme par son folk à la beauté fébrile résolue. Repérage Fargo, cette pépite de grâce mérite mieux que l'anonymat. J/B/M, alias Jesse Bryan Marchant, a concocté un parfum à la couleur anthracite, aux effluves boisés, à la raideur animale. Du songwriting sans artifice, brut, tel le saumon à contre-courant.
Un soir d'une fin mai parisienne humide et glaciale, lorsqu'on retrouve le Canadien, 32 ans, pour son premier concert en France, le garçon laisse parler sa sensibilité. Il évoque ses souffrances et ses doutes, ses espoirs comme ses amours déchus : «Je suis un homme isolé qui a le son des mots avant les mots.» Ferry, premier titre de son deuxième album, débute ainsi par «Given all I can / For the last time / Find an easier branch / To hang your heart around» et s'achève sur «Didn't it fail at the start line ? / Don't we happen of the same kind / And deal with your ashes there / And I'll here deal with mine.»
Tupac. Ses mélodies, ciselées à coups de guitares rêches et de chœurs amniotiques, bercent autant qu'elles malmènent. Une musique de haut(s) et de bas, comme son parcours, dans des eaux jamais apaisées. «Je sillonne entre découragement intense et excitation sublime», dit celui qui a «toujours détesté le solfège», appris la g