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Critique

33 tours et puis s’en vont

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Compil. Dans «Enjoy the Experience», des fondus de musique et de vide-greniers exhument ces disques autoproduits dans les années 50 à 90 et tombés aussitôt dans l’oubli.
publié le 18 juillet 2013 à 21h36
(mis à jour le 19 juillet 2013 à 10h25)

Qui a encore l’habitude de traîner dans les magasins de disques ou les vide-greniers connaît bien ces disques-là : ils sont le rebut, ceux qui restent quand les grands noms puis le haut du panier indépendant ont trouvé preneurs. Ces disques, ce sont les autoproduits, «private press» en anglais ; des vanités auxquelles on accorde trop peu de temps.

C'est une injustice que vient corriger - en tout cas côté américain - Enjoy the Experience, une double compilation et un livre (en anglais) rassemblant un travail titanesque de collection et de tri mené par quelques fondus du genre. «J'utiliserais le mot "bizarre" pour qualifier ces disques créés par des personnes qui sont au choix mal équilibrées ou obsessionnelles, mais qui dégagent une émotion intense», explique dans le livre le plus connu d'entre eux, Paul Major, guitariste du groupe psychédélique américain Endless Boogie et grand accumulateur de private press depuis les années 70.

«Avant Internet, ce n'était pas facile du tout de publier sa musique, nous rappelait, il y a peu, Johan Kugelberg, qui a dirigé le projet Enjoy the Experience. Il fallait aller dans un studio, payer l'équivalent de quelques milliers d'euros, chanter, faire graver le disque, faire une pochette… Toutes ces étapes en faisaient une expérience quasi extatique. Puis vous receviez vos cartons de disques, et il fallait les distribuer. Souvent, ils étaient mis en dépôt dans des magasins ou des églises : ils ne sortaient p