J.J. Cale est né à Tulsa, Oklahoma, ville et Etat coincés au centre des Etats-Unis. Le «son de Tulsa», qu'il a contribué à créer, et déposer, est un mélange d'influences : country du Sud, blues du Nord et du Delta, accents jazz. A cette pâte, J.J. Cale a sans cesse ajouté des ingrédients originaux, en fonction de l'air du temps : du latino, du tahitien, de l'electro, du saxophone dans un blues lent (autant dire une hérésie) et même des japonaiseries dans un disque de voyage flottant (Travel Log). Mais il n'a jamais abandonné ce «bon vieux shuffle», qui est à la musique populaire ce que le flic à deux mois de la retraite est au film d'action : un va-et-vient syncopé sur trois accords et douze mesures essentiel au blues et au rock. Ses rythmiques de prédilection frottent dans des graves énervés ou s'alanguissent sous le soleil d'un slide poussiéreux. Les trains ne passent jamais très loin des plages de J.J. Cale, on les entend vibrer. L'ensemble, joué en tempo de lent à moyen, évoque un vaste road trip aux sources des musiques américaines ou la troisième partie de soirée d'une salle de concert vide. La voix de Cale, susurrante, éternellement agonisante, donne à chaque chanson une gravité ultime et un abandon que l'on retrouve aussi dans son jeu de guitare, ce fameux laid back cool et élégant, mais à certains égards besogneux. Pendant quarante ans, Cale a composé des mixtures douces à base de racines séculaires, dont les plu
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