Existe-t-il un endroit plus touchant que celui d'une fiction enfantine, un Xanadu que les gosses rêvent d'atteindre en s'enfonçant dans le sommeil ? Neverland est un mythe. Monde imaginaire de Peter Pan, univers inventé par l'esprit miraculeux de James M. Barrie au début du XXe siècle, il traverse les imaginations, notamment véhiculé par la puissance de Disney.
En 1991, Steven Spielberg, le seul nabab à savoir produire à la chaîne des madeleines proustiennes, adapte l'histoire de Peter Pan dans Hook ou la Revanche du capitaine Crochet. Robin Williams y joue le héros enfantin qui a vieilli, Dustin Hoffman le capitaine Crochet, Julia Roberts la fée Clochette, Maggie Smith et Gwyneth Paltrow dans le double rôle (âgée et jeune) de Wendy. Tout ce petit monde se retrouve à Neverland, un paysage de jungle dans lequel vivent des gosses mal peignés et bizarrement attifés, des bambins guérilleros qui luttent contre les pirates. Le film connaît un succès en salles, mais se fait tailler par la critique.
Si Steven Spielberg signe là l’un de ses (rares) échecs d’estime, c’est qu’il se montre déconnecté de la réalité, même de celle des mondes merveilleux, et se borne à filmer un Neverland onirique sans grande prise avec la complexité des années 90 qui s’amorcent. Le vrai Neverland est ailleurs, beaucoup plus dur, tordu, flippant, né dans l’imagination marketée et délirante de Michael Jackson. En 1991, depuis trois ans, le chanteur a acheté un domaine de 1 400 hectares dan