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Libération
Interview

«Avant, les festivals voulaient changer le monde»

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Pour le chercheur Kévin Matz, les organisateurs ont délaissé l’engagement politique en faveur du divertissement :
publié le 2 août 2013 à 20h56

Les premiers festivals modernes - Woodstock ou Monterey aux Etats-Unis, Biot en France - étaient des moments de communion en opposition à la société de consommation. Un demi-siècle plus tard, la relation des événements culturels avec cette même société de consommation, ses marques et ses logiques marchandes, a beaucoup changé. Pour Kévin Matz, doctorant en science politique à l’université de Strasbourg, cette lente mutation est à mettre en parallèle avec la dépolitisation de la société française.

Comment les festivals ont-ils évolué ?

Dans les premières formes, du type Woodstock pour la musique populaire, les festivals se voulaient un moyen de changer le monde. Puis, dans les années 80 et 90, on a assisté à un phénomène de professionnalisation, avec des rendez-vous qui sont devenus énormes. Aujourd'hui, il y a trois modèles de festivals pour la musique. Un premier type, plutôt rare en France et de petit format, revendique son indépendance financière face aux marques et aux pouvoirs publics, ce qui sous-entend une adhésion massive des festivaliers. Puis il y a des événements comme Main Square, dont les objectifs sont plus directement commerciaux. Entre les deux, se trouvent des formats comme les Eurockéennes de Belfort ou les Vieilles Charrues, qui sont subventionnés mais s'ouvrent de plus en plus au mécénat privé.

Un festival a pour première qualité de mêler des publics différents, mais on a l’impression que ce n’est plus un argument…

C’était un élément de légitimation des festivals dans les années 70 qui est aujourd’hui relégué dans la hiérarchie de leurs missions. Le rôle de catharsis, de moment où s’effacent les différences