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Critique

Stevie Wonder en soul majeure

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Télé . Arte diffuse dimanche un documentaire consacré au plus grand représentant vivant du genre.
publié le 16 août 2013 à 20h16

Octobre 1976. On pose fébrilement sur la platine ce Songs in the Key of Life dont la sortie a été repoussée depuis des mois, et la voix de Stevie Wonder chante : «Bonjour ou bonsoir, les amis. Voici votre gentil annonceur. J’ai des nouvelles sérieuses à transmettre. Ce que je m’apprête à dire pourrait signifier une catastrophe mondiale, transformer joie et rires en larmes et douleur. Voilà : l’amour a besoin d’amour aujourd’hui. Ne perdez pas de temps, envoyez votre amour dès maintenant. La haine est là depuis trop longtemps. Arrêtez-la, s’il vous plaît, avant que tout n’aille trop loin.»

D'aucuns pourraient juger naïve ou prétentieuse cette harangue prophétique, mais Stevie Wonder n'en est pas à son coup d'essai, même s'il fut plus inspiré lorsqu'il grava, trois ans plus tôt, le percutant Living for the City sur son album Innervisions. Sur le double Songs In The Key Of Life, le militant pacifiste et combattant pour les droits civiques persiste et signe avec Village Ghetto Land, Saturn ou Black Man.

Exigence. Mais c'est surtout le compositeur qui impressionne. Certes, les Beatles ont exploré toutes les possibilités du format chanson, en retournant à ses sources baroque, classique et romantique, et en l'ouvrant à la musique indienne, contemporaine, blues et rock. Mais Stevie Wonder a ajouté à ces acquis le jazz, la musique africaine, brésilienne et cubaine pour créer un langage d'une richesse harmonique et rythmique sup