Phoenix rime avec paradoxe. Le groupe de pop-rock indé le plus sous-coté en France est aussi l'un des plus appréciés hors Hexagone (700 000 albums vendus aux Etats-Unis pour Wolfang Amadeus Phoenix, sorti en 2009). La formation, dont le cinquième disque, Bankrupt !, est sorti au printemps, confirme un goût du contre-pied créatif et une envergure folle en concert qui emportent l'adhésion. Le groupe jouant en tête d'affiche samedi à Rock en Seine (lire ci-contre), on a kidnappé son leader, Thomas Mars, le temps d'un entretien où chaque question est en mode superlatif.
Le passage le plus délicat de cet album, qui a pris deux ans de votre vie ?
Lorsque l'on rentre dans une douce démence. Le monde s'arrête de tourner : on allait tous les jours dans un studio, dans le Xe arrondissement de Paris, dans une petite cour hitchcockienne. On voyait les autres projets avancer, des couples se former. On avait l'impression de revivre chaque fois la même journée. Un non-rythme, épuisant : il fallait se fier à l'idée qu'on se révélerait dans l'ultime semaine. Et le soulagement survient quand on trouve un bout de morceau. La promesse d'une chanson redonne confiance.
Le moment le plus fort où l’idée d’échec vous a paralysé ? Où le succès vous a libéré ?
Les deux se sont produits en 2004, lors du deuxième album, Alphabetical, le plus délicat. On sait qu'on doit se renouveler, mais on se laisse porter par une ambition démesurée. Sur un morceau, This Is What You Say, on fait appel à un orchestre philharmonique. Et on dépense, en un jour, la totalité du budget de l'album. Le pire, c'est qu'on n'aimait pas