Le crépuscule a chassé les chanteurs de rue et les touristes se sont engouffrés dans les hôtels et trattorias de la Sérénissime. Il n’y en a pas moins foule aux abords de la Scuola Grande di San Giovanni Evangelista où Jordi Savall et son ensemble Hespèrion XXI jouent à guichets fermés. Le concert est titré «Mare Nostrum», comme leur coffret, paru en 2011, qui explorait la musique traditionnelle et médiévale de la Méditerranée, du Maroc au Liban en passant par la Catalogne, l’Italie, la Grèce, la Bulgarie, la Turquie et Israël.
Mais en cette soirée de juin, le gambiste superstar du film Tous les matins du monde en propose une déclinaison nouvelle qui place la Cité des doges au cœur du dialogue entre Orient et Occident. Une belle façon d'inaugurer la troisième saison de concerts annuels proposée par le Venetian Centre for Baroque Music (VCBM), qui invite à entendre, jusqu'au 22 septembre, dans des palais et églises dont certains sont d'ordinaire inaccessibles, des ensembles et interprètes de premier plan, comme Andrea Marcon, la Cappella mediterranea de Leonardo García Alarcón ou le Poème harmonique de Vincent Dumestre.
Cantate, concerto, sonate
Créé en 2010 par le Français Olivier Lexa, le VCBM est le premier centre de recherche et de diffusion consacré à la musique vénitienne du XVIIe siècle qui s'ouvre avec Monteverdi (1567-1643) et s'achève avec Vivaldi (1678-1741). Une période des plus fastes : elle voit la naissance de la cantate, du concerto, de la sonate et de l'opéra qui, bi