Entre deux canicules, la fin du mois de juillet s'étire en longueur et Paris a des airs de belle inanimée. Les terrasses des cafés à moitié vides rappellent le Bar des autres, l'un des lieux sans âme décrit par Marie Modiano dans Upsilon Scorpii, son premier roman à paraître en septembre. Elle a donné à son livre le nom d'une étoile de la constellation du Scorpion. On y suit, jour après jour, les pas d'une jeune femme prisonnière d'une vie où le bonheur semble impossible à atteindre.
Marie Modiano, 34 ans, est une rêveuse dont les chimères se succèdent dans les écrits et les chansons. En sus du livre, deux albums, l'un en français (Espérance Mathématique), l'autre en anglais (Ram On a Flag), fruits d'une collaboration avec Peter von Poehl, musicien suédois avec qui elle partage tout, même la vie, sortiront à la fin du mois de septembre. Tout arrive simultanément, presque par hasard.
Élevée par le père écrivain que l'on connaît (finalement si peu) et par une mère artiste, dessinatrice et créatrice de bijoux, Marie Modiano travaille depuis toujours sans nonchalance. De ses parents et de leur influence, elle dit simplement qu'elle a eu la chance d'avoir une éducation anticonformiste. A les observer s'affairer, elle a appris d'elle-même le bon côté des choses, la facilité à écrire chaque jour et le goût des arts. Élevée dans une maison cachée du XVIIe arrondissement, elle n'a pas passé son enfance parmi les flatteurs de son père. «J'ai grandi sans sn