Menu
Libération
Critique

Machinedrum, rave de ville

Article réservé aux abonnés
Le musicien américain établi à Berlin fond ses souvenirs drum and bass dans un album électronique empreint de ses voyages et transplantations urbaines hypnotiques.
Travis Stewart sévit aussi dans le duo Sepalcure. (Photo Andrew de Francesco)
publié le 27 septembre 2013 à 23h24

Les gestes sont toujours les mêmes. Faire la queue, présenter son billet, vider ses poches, se retrouver en chaussettes, se rhabiller dans la foule. Puis attendre. Seuls changent les noms des journaux que vendent les boutiques, de moins en moins les marques de biscuits ou de café. Pour un DJ qui a émergé sur la scène internationale, une semaine normale est scandée par ces heures passées dans les aéroports, avec à chaque fois le même cérémonial - si excitant quand on le traverse ponctuellement, si rébarbatif répété. Les musiciens vivent dès lors dans une géographie où les villes se mélangent et les soirées se ressemblent.

C'est cette vie presque apatride qu'a découverte en 2011 l'Américain Travis Stewart, alias Machinedrum, définitivement installé depuis deux ans comme un producteur électronique de premier plan. Lui a fait de ces errances subies le socle de Vapor City, un brillant neuvième album brumeux qui arpente les quartiers d'une ville imaginaire.

Haussmann. «J'écris la plupart de mes chansons pendant que je suis en tournée, expliquait-il la semaine dernière par mail. Quand je suis sur la route depuis si longtemps que je me sens perdu, la musique devient ma maison et ma consolation. Je m'y perds.» Vapor City émerge directement de cet état second : pendant de longs mois, Travis Stewart affirme avoir fait le même rêve, qui le transportait dans les rues d'une ville inexistante, sorte de superposition d