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Tunisie: le rap en sourdine

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Hier porte-voix de la révolution, les rappeurs sont devenus la cible de la justice. Mais leur musique contestataire, marginalisée sur la scène tunisienne, séduit toute une jeunesse et cartonne sur Internet.
Men-Ay et Mr Mustapha, à Tunis, dans le studio M-DMC qui a produit de nombreux rappeurs. (Photo Nicolas Fauqué pour Libération)
publié le 4 octobre 2013 à 20h16

Ces derniers jours, Weld El 15 n'a «pas le goût à faire de la musique». Pour la deuxième fois de l'année, depuis qu'il a sorti la chanson Boulicia Kleb («les flics sont des chiens»), le jeune rappeur tunisien, devenu à 25 ans un emblème du genre et de ses affres post-révolution, se retrouve en semi-cavale. Condamné une première fois en juin à deux ans de prison ferme pour ce morceau, ramenés ensuite à six mois de sursis en appel, il a décidé de fuir une justice «en couple avec la police», qu'il dit s'acharner contre lui.

Il vit donc quasi cloîtré depuis un mois, et il faut montrer patte blanche auprès de son entourage pour arriver jusqu'à lui. Amaigri, Alaa Eddine Yacoubi - son vrai nom - a beau dire qu'il va «continuer à jouer son rôle, à déranger le pouvoir», il semble affecté par sa nouvelle galère. Au début du mois de septembre, lui et son ami Klay BBJ, 24 ans, ont été condamnés par contumace, sans même avoir été convoqués au tribunal, à un an et neuf mois de prison ferme pour «outrage à fonctionnaire public», «atteinte aux bonnes mœurs» et «diffamation». Ils sont accusés d'avoir chanté des insultes envers les policiers, sur la scène du festival de Hammamet, le 22 août. D'avoir dit qu'ils étaient «lâches» et affirmé : «Le gouvernement ne peut rien contre notre volonté», selon le procès-verbal des agents, seule pièce du dossier d'accusation.

Surtout, ils auraient prononcé «trois fois» les paro