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Libération
Reportage

Bobby Beausoleil: Redemption songs

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Composée et enregistrée en prison, la bande originale solaire du film de Kenneth Anger «Lucifer Rising» a permis à ce proche de la «famille» Manson, condamné pour meurtre, de dépasser les violences de l’enfermement à vie. «Libération» a passé les portes du pénitencier de Salem.
Bobby Beausoleil dans «Invocation of my Demon Brother», de Kenneth Anger, (1969). (Archives personnelles de B. Beausoleil.)
publié le 25 octobre 2013 à 19h26

Comme souvent au mois d’octobre, une fine bruine achève de délaver les murs jaunes du pénitencier de Salem, la morne capitale de l’Oregon, masqués par les arbres touffus qui bordent State Street. C’est là qu’est incarcéré Robert Kenneth Beausoleil, 65 ans, dont quarante-trois passés derrière les barreaux pour avoir poignardé à mort le petit dealer Gary Hinman en 1969. Un meurtre qui fut le commencement de l’explosion de violence attribuée à la «famille» de Charles Manson, dont Beausoleil fut une figure furtive et distante.

Cette histoire est connue, mais ce qui l'est moins est ce qu'a fait «Bobby» Beausoleil avant et après : de la musique, et surtout la bande originale tout juste rééditée de Lucifer Rising, un court métrage expérimental du pape underground Kenneth Anger sorti en 1980. Composée et enregistrée en prison, cette partition à la beauté irradiante résonne aujourd'hui comme l'oraison funèbre des insouciantes années 60, aux confins du psychédélisme et de l'électronique.

Devenu l'objet d'un culte pour toutes ces bonnes et mauvaises raisons, Beausoleil n'a donné qu'une poignée d'interviews au fil de ses longues années à l'ombre. Celles-ci permettent de suivre son cheminement moral chaotique, mais négligent sans cesse la place centrale que prend la musique de Lucifer Rising dans le grand récit américain qu'est la vie bousillée de Bobby Beausoleil. Etonnamment brillante et sereine, cette BO n'est pas l'œuvre d'un détenu qui passait le temps comme il pouva