C'est par Andrew Wylie, le célèbre agent littéraire, que j'ai connu Lou Reed. Il m'avait donné les épreuves de son livre Pass Thru Fire, en me disant qu'il s'agissait, à ses yeux, du plus grand poète vivant de langue anglaise. Et quand j'ai lu le livre dans l'avion qui me ramenait de New York, j'ai mesuré combien il disait vrai. Ces textes, de «I'm Waiting for the Man» ou «Heroin» à «Extasy», en passant par «Walk on the Wild Side», étaient ciselés comme des diamants qui éclairaient l'envers du décor, et faisaient surgir sur la scène musicale et poétique l'envers du monde contemporain.
Assez vite, j'ai décidé de publier le livre en français, dans ma collection, avec une traduction de Sophie Couronne et Larry Debay qui avait pour principe de respecter au plus près le texte original, pour une édition bilingue. J'ai donc appelé Andrew Wylie, fin 2006, pour conclure l'affaire. Quelques minutes plus tard, il me rappelait pour me dire que Lou Reed voulait me rencontrer, il était sur le point de prendre un vol à Kennedy Airport pour donner un concert à Paris. Le hasard faisait bien les choses. Le lendemain, dans le calme d'une matinée grise, assis à mon bureau, je recevais l'incroyable appel. Cette voix, si timbrée, si belle, si particulière. Rendez-vous était pris pour déjeuner ensemble. L'entente fut immédiate, nous parlions de Burroughs, de Kerouac (nous venions de voir, séparément, une passionnante exposition qui lui était consacrée à la New York Public Library), de musi