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Libération
Critique

Mélanie de Biasio, drôle d’oiseau

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Jazz . En deux concerts parisiens, la chanteuse et flûtiste belge défend son second CD, «No Deal».
publié le 27 octobre 2013 à 18h06

Son poids de douceur en apesanteur et son sens de l'abstraction ont réussi à mettre au diapason un Nord et un Sud souvent à couteaux tirés. Mais outre ces écarts entre Flandre et Wallonie, comblés par médias belges interposés, Mélanie de Biasio s'apprête aussi à faire vaciller les convenances stylistiques avec son album en lisière, No Deal - déjà disque d'or en Belgique. Le deuxième d'une carrière en forme de quête et de partage où l'espace-temps ne répond pas à un business plan mais s'étire à souhait afin de s'offrir les moyens de la maturation. Car la chanteuse et flûtiste ne transige pas avec ses exigences. A commencer par l'envers du décor, c'est-à-dire la production, à laquelle elle a consacré des nuits blanches pour toucher au but convoité.

Strates. Malgré une trachéite persistante qui lui interdit toute promo à caractère vocal en radio ou pour la télé, la Carolo-Bruxelloise à la petite trentaine a fait le déplacement jusqu'à Paris en début de semaine dernière, afin d'éclairer notre lanterne sur le processus de création de cet album ovni d'où suintent en filigrane des échos de Nina Simone comme de Portishead, ou encore des silences à la Mark Hollis (du groupe culte Talk Talk). Une bulle dense, à l'extrême concision, qui élève en art véritable l'état de suspension. Après A Stomach Is Burning, paru sur le label belge Igloo en 2007 (distribué en France l'année suivante par Abeille), Mélanie de Biasio ressent le besoin