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Portrait

Booba, le cru et l’écrit

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A 36 ans, le rappeur bodybuildé jusque dans la «punchline» défend l’exil fiscal et revendique ses goûts bling-bling.
Booba à Boulogne, le 13 novembre. (Photo Edouard Caupeil)
publié le 24 novembre 2013 à 18h06

Paru en dernière page de «Libération» du 25 novembre 2013.

Qu’est-ce que c’est «bien écrire» ? Booba a beau avoir une haute idée de lui-même, là-dessus il refuserait presque les compliments. Parce que ses mots ne sont pas de «vrais mots» et que ses phrases ne sont que des fragments, «sans préfixe ou suffixe». Qu’on l’ait comparé à Louis-Ferdinand Céline (dans la Nouvelle Revue française en 2003) ne lui a pas évoqué grand-chose, il ne l’avait pas lu, pas plus depuis. Qu’on commente ses textes en poèmes le laisse perplexe, le rap s’y prête peu : «C’est comme une action de foot, quand on te la repasse au ralenti, c’est pas comme en live bam bam.» Il va souvent chercher ses comparaisons dans le monde du sport. Pour expliquer ce qu’est une punchline, il lance que «c’est comme à la boxe, tu vois une ouverture et, bam, tu places un bon uppercut. C’est quand le mec écoute et, bam, il se la mange». Le son ou bruit qu’il préfère : celui «d’une voiture qui passe, une grosse voiture qui roule vite».

«J'suis dans le textile fuck un salaire de joueur de foot izi.» Chez lui, dans les locaux d'Ünkut, sa marque de streetwear, Booba apparaît plus détendu qu'on l'imagine, bonne pâte, souriant. Crâne rasé sur cou de taureau, «1,92 m, 102 kilogrammes», c'est une armoire tatouée, montre XXL, casquette, baskets. Il y a dix ans, sur cette même page, l'homme était un garçon pas épais de 26 ans sorti du duo