On n’aperçoit que l’ombre de sa carrure de fin colosse qui tourne et rôde dans la prison de bois dans laquelle il est enfermé. Puis la voix monte, puissante, glaçante. Et Benjamin Clementine finit par faire voler en éclats sa cage symbolique pour se révéler en bête de scène, qui tiendra ensuite fièrement le public au bout de son souffle pendant deux heures.
Quatuor. La création 2013 des Transmusicales de Rennes, encore jouée samedi et dimanche soir dans la belle salle de l'Aire libre, à Saint-Jacques-de-la-Lande, est d'ores et déjà une réussite qui confirme le talent brut de ce Britannique sorti de nulle part cette année. Taiseux et exigeant en interview, vendredi matin sous le soleil breton, Benjamin Clementine expliquait qu'il a dû se faire violence pour présenter sur scène une douzaine de chansons, certaines pour la première fois, élargies au fil d'une semaine de résidence par la présence d'un quatuor à cordes, d'un clavier et d'une batterie électronique qui viennent seconder par touches son piano et sa voix. «Je me suis senti un peu forcé, dit-il. Moi, j'aurais voulu jouer dix chansons au piano et aller me coucher… J'ai été contraint de présenter ma musique comme je la voyais dans un an», c'est-à-dire au moment de la sortie d'un premier album qui reste à enregistrer.
Mais ce coup de pied au cul ne sera sans aucun doute pas perdu : la formule piano-voix habitée par Benjamin Clementine gagne à se soulever vers d’autres