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Critique

Les versions originales de Kopatchinskaja

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Cordes. La violoniste moldave joue ce soir à Paris un «Concerto n°2» de Prokofiev publié cet automne.
publié le 19 décembre 2013 à 19h36

Elle entre dans une robe en papier blanc, violon à la main, et, après un clin d'œil au chef Vladimir Jurowski, se lance dans le Concerto n°2 de Prokofiev. Les premières notes du thème d'inspiration folklorique sont fausses ; mais c'est voulu. Patricia Kopatchinskaja n'a pas de problème d'intonation, elle emploie tous les moyens expressifs dont elle dispose pour offrir une interprétation originale des chefs-d'œuvre du répertoire. Dans Beethoven, enregistré pour Naïve, cela ne passait pas. Dans son disque suivant, consacré aux concertos pour violon de Bartók, Ligeti et Eötvös, sa fougue et son imagination s'avéraient plus pertinents.

Le Concerto n°2de Prokofiev qu'elle vient de sortir en CD, couplé avec celui de Stravinsky, est tout autant dans ses cordes. Si l'on préfère les interprétations plus rigoureuses d'un Gil Shaham ou d'une Julia Fischer, Kopatchinskaja n'en est pas moins irrésistible. Pour preuve, la Sonate pour deux violons de Prokofiev qu'elle donne en bis avec le violoniste solo du London Philharmonic, puis la courte pièce de Jorge Sanchez Chiong, multipliant modes de jeu et interventions vocales délurées : une miniature ultravirtuose qui enthousiasme le public de la Philharmonie d'Essen.

On retrouve la musicienne dans sa loge. Elle est née en 1977 à Chisinau, en Moldavie. Sa mère, Emilia, violoniste, et son père, joueur de cymbalum, étant toujours sur la route, ce sont ses grands-parents qui l'ont élevée. «J'ai eu la chance de grandir