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Nelly Omar, tango fin de siècle

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Timbre. Une figure tutélaire de la chanson argentine disparaît à l’âge de 102 ans à Buenos Aires.
publié le 22 décembre 2013 à 20h46

En mai 2001, pour ses débuts parisiens, Nelly Omar avait, en français, récité Victor Hugo. «L'oiseau dit : je suis l'harmonie. Et mon cœur dit : je suis l'amour.» Pour tout artiste de tango, chanter à Paris est la consécration ultime, la culmination d'une carrière. Elle y parvint à 89 ans. Accompagnée par le groupe El Arranque, Nelly Omar avait ému et émerveillé le public du festival - hélas disparu - Buenos Aires Tango. Avec sa voix assurée, au timbre riche, flexible et sans une once de chevrotement.

La doyenne du tango fit encore plus fort dix années plus tard : pour ses 100 ans, en 2011, elle remplit le Luna Park de Buenos Aires, l’équivalent de Bercy à Paris, et chanta une heure durant…

Aspirante. Sur scène, Nelly Omar portait un poncho qui rappelait ses origines paysannes : elle était née dans une ferme de la pampa, sous le nom de Nilda Elvira Vattuone, d'un père génois. Elle assurait avoir connu à 6 ans Carlos Gardel, quand celui-ci vint chanter en duo avec José Razzano dans son village. Devenue chanteuse, elle héritera du surnom (un rien sexiste) de «Gardel en jupons».

Elle se disait aussi l'amie d'Evita Perón, qu'elle aurait connue alors qu'elle n'était qu'une aspirante actrice. Sous le premier mandat du président Juan Domingo Perón (1946-1955), elle est la chanteuse officielle du régime avec des chansons telles que la Descamisada («la sans-chemise»), œuvre de propagande à laquelle le public l'a toujours identifiée