Aussi discret que Nils Frahm, son label Erased Tapes a pourtant fêté en 2013 ses cinq premières années irréprochables, qui en ont fait l'un des plus beaux labels européens apparus ces derniers temps. Fondée par un Allemand installé à Londres, Robert Raths, cette maison de disques a pour point de départ l'envie de créer «un espace de dialogue entre deux pôles opposés : entre le traditionnel et le contemporain, entre le numérique et l'analogique».
Architecte et designer avant d'être patron de label, Raths a créé une école sonore avant de faire du business, mais il sait aussi qu'il faut faire beau et rare pour se distinguer. Erased Tapes édite donc peu de disques et prend tout le temps nécessaire à travailler le son d'un pressage vinyle, comme celui d'un fichier numérique destiné au téléchargement. L'édition vinyle de Spaces a par exemple déjà connu trois versions insatisfaisantes et ne devrait pas sortir avant le mois de février…
Le temps d'Erased Tapes n'est pas le même que celui de beaucoup de labels, et ses artistes ont cette notion-là en commun. Le plus connu d'entre eux est l'Américain Peter Broderick, qui est capable de lâcher des pop songs redoutables (These Walls of Mine) mais aime aussi tenir un journal intime nettement plus contemplatif (Float 2013). Moins passionnant, l'Islandais Ólafur Arnalds fait dans les symphonies de cordes et crépitements électroniques façon Sigur Rós. Il semble surtout composer à chaque fois la bande