A quelques jours de distance, l'Amérique latine a perdu ses deux doyennes de la chanson : la Cubaine Esther Borja, qui avait fêté ses 100 ans le 5 décembre, a rejoint vendredi l'Argentine Nelly Omar, légende du tango disparue le 20 décembre à 102 ans (lire Libération du 23 décembre).
A partir de 1935, Esther Borja fit une carrière internationale de soprano, notamment dans les zarzuelas (opéras comiques) de son découvreur, Ernesto Lecuona, le plus célèbre compositeur cubain du XXe siècle. Dans ses premiers disques, elle alterne lyrique et genres populaires : habanera, guajira, son, bolero… En 1953, Esther Borja est l'une des premières (sinon la première) à enregistrer un disque entier en re-recording : par prises successives, elle harmonisait jusqu'à quatre voix.
Quand la révolution de Fidel Castro triomphe à Cuba, Esther Borja ne suit pas son mentor Lecuona sur la route de l'exil. Au contraire, elle adhère au régime socialiste et enregistre marches militaires et hymnes militants. Elle abandonne peu à peu la scène mais gagne une énorme popularité grâce à la télévision : son émission musicale et dominicale, Album de Cuba, restera à l'antenne de 1961 à 1986.
Pour les 100 ans de la chanteuse, son amie chorégraphe Alicia Alonso a créé un ballet inspiré de ses chansons. Une performance, quand on sait que la fondatri