Les lumières du Tokyo Opera City Concert Hall diminuent progressivement, Jean-Frédéric Neuburger entre d'un pas décidé et se lance dans la Partita n° 2 en do mineur de Bach. En ce début novembre, le pianiste, soliste invité de l'Orchestre de Paris sur sa tournée japonaise, a profité de son unique soirée libre pour donner un récital. Après ce Bach fluide et d'un grand naturel, il s'attaque à Chopin (la Sonate n° 3 en si mineur, op. 58) puis Liszt (le Mal du pays, extrait des Années de pèlerinage). Porté par l'acoustique chaleureuse du lieu, le musicien, dont le jeu comme la sonorité semblent parfois manquer d'ampleur, fait plus que tenir son rang. Une même précision et une grande clarté architecturale caractérisent les Valses nobles et sentimentales et le Tombeau de Couperin de Ravel qu'il donne après l'entracte et dont il vient de publier un enregistrement chez Mirare.
«Fierté». Dix ans, déjà, que Neuburger s'est signalé en gravant le cycle complet des Etudes de Chopin, pour le label du festival d'Auvers-sur-Oise. Et à peine moins qu'il a remporté, à New York et devant 1 200 candidats, le concours Young Artists Concert, qui lança autrefois la carrière de Jean-Yves Thibaudet. Depuis, Jean-Frédéric Neuburger s'est produit dans le monde entier, et s'il n'est pas devenu l'égal d'un Daniil Trifonov, ce n'est pas bien grave : Messiaen, Dutilleux et Boulez ne rivalisaient pas non plu