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Interview

Arandel: «Glass a ouvert la voie à une musique plus libre, plus évocatrice»

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Le producteur électronique, féru de musique minimaliste, revient sur la place atypique du compositeur américain dans les musiques populaires.
publié le 9 janvier 2014 à 11h54

Alors qu'Einstein on the Beach, l'opéra révolutionnaire de Philip Glass et Bob Wilson créé en 1976, est rejoué à Paris jusqu'à dimanche, le parisien Arandel, qui se partage entre la musique d'orchestre et la production électronique, revient sur la place particulière qu'a cette partition dans la pensée des musiques actuelles.

Qu’est-ce qui est fascinant dans la musique d’«Einstein on the Beach» vu de 2014?

Probablement les mêmes choses qu’en 1976. Un opéra de cinq heures dans lequel le public est libre d’entrer et de sortir, sans narration, sans aria, écrit autour de formules mathématiques, d’équations et de dessins, avec des textes qui égrènent des numéros ou seulement le nom des notes… Une succession de parti pris forts qui parvient au final à créer une œuvre unique et affranchie et qui se revendique avec raison d’un opéra sans en avoir pourtant aucune des caractéristiques. Et puis, avec le recul, il y a déjà tout Glass dans cet opéra: l’illusion de la répétition, la mélancolie si spéciale des thèmes et des harmonies, les cordes et l’orgue électronique. En 1976, tout est déjà en place.

Interrogé à la sortie de l’album «Rework_», un disque de relectures de ses pièces qu’il a initié en 2012, Philip Glass disait: «Je suis intéressé par ce qui arrive à la musique quand d’autres personnes la manipulent.» Est-ce que la nature même de sa musique en fait d’une certaine façon une «âme sœur» pour les cultures électroniques et la culture du sample?

Ça me paraît toujours être un raccourci fallacieux que d'ériger les compositeurs de musique répétitive en pères des musiques électroniques, au seul prétexte qu'ils ont inventé, ou au minimum «légitimé» la répétition en musique. Ou alors il faudrait également rendre hommage (et en même temps réhabiliter) le Boléro de Ravel, qui est vraisemblablement le point de départ des musiques répétitives occidentales.

Dans le documentaire