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Menahem Pressler fil harmonique

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A 90 ans, le fidèle pianiste du Beaux Arts Trio a repris son indépendance de concertiste. Rencontre à Amsterdam, en prélude à sa venue parisienne, fin janvier à Pleyel.
Menahem Pressler en décembre 2003, à New York. (Photo Henny Ray Abrams. Reuters)
publié le 10 janvier 2014 à 18h46

Veille de Noël 2013. Il pleut sur Amsterdam, mais le moral de Menahem Pressler ne pourrait être meilleur. Il vient de donner, trois jours de suite, le Concerto n°27 de Mozart au Concertgebouw, avec l'orchestre du même nom, que certains considèrent comme le meilleur du monde. Le pianiste, qui a fêté ses 90 ans le 16 décembre, a reçu un accueil triomphal dans cette salle où il s'est souvent produit avec le Beaux Arts Trio, comme le rappelle une plaque honorifique. On n'avait en revanche jamais remarqué le portrait, peint pour ses 80 ans et accroché dans le vestibule de la salle de musique de chambre. «Au début, j'ai été choqué, confie le petit homme jovial au regard bleu d'enfant sage, que l'on retrouve en train de travailler son piano en début d'après-midi. Je me suis dit : "Mon Dieu, c'est à cela que je ressemble désormais ?" Puis, d'année en année, je m'y suis fait, et maintenant, je le trouve formidable.»

Plutôt que de devenir une superstar du piano, Menahem Pressler a préféré se fondre dans un trio, le meilleur de l’histoire de la musique enregistrée. Sans minimiser les mérites des trios Cortot-Thibaud-Casals, Istomin-Stern-Rose et Rubinstein-Heifetz-Feuermann, force est de reconnaître que le Beaux Arts Trio, créé en 1955, les a surpassés. En longévité, mais également par la capacité de ses membres à s’effacer pour proposer des lectures totalement unifiées des chefs-d’œuvre de Mozart, Beethoven, Schubert et Brahms. Et cela jusqu’en 2008, date où